Lode Keustermans
Lode Keustermans
Qu'est-ce qui retient mon attention lorsque je regarde l'oeuvre de Lode Keustermans, que ce soit au cours d'expositions ou en atelier? D'abord une puissance présente en chacune de ses manifestations. Je me souviens, par exemple, de quelques-unes des premières toiles de Lode Keustermans : des paysages à l'huile (parfois sur bois) réels ou imaginés, incandescents de couleurs et de matière hérissée. Fascination de l'artiste, certainement, par une vision intérieure personnelle, qu'il avait le besoin, non pas de traduire, mais de transmettre à la toile. Fascination du spectateur, également, devant cette matière vivante, mouvementée du tableau.
Cette puissance, Lode Keustermans en retrouve le geste et le language dans le thème le plus récent qui lui tient à coeur : "L'Apocalypse". Qui en a vu certains épisodes ne peut oublier l'imaginaire que l'huile, l'acrylique, le fusain, l'aquarelle fait apparaître en formes symboliques ou très réalistes, en imageries ou traits allusifs. Inoubliable, ce cheval blanc courant vers vous, monté par deux êtres dont l'un brandit un chandelier allumé!
Cette puissance se retrouve également dans la maîtrise, délicate, d'une série d'aquarelles de pure poésie intitulée "Le Cantique des cantiques. Il n'est pas question ici de fascination, mais de contemplation. Cette série rejoint en grâce, mais très différemment, celle des danseuses et ballerines dont les mouvements sont repris dans un seul instant de fusain ou de crayon. Keustermans prend au vol l'impalpable déjà saisis par Degas. Tour de force, mais aussi vision du détail qui, à soi seul, contient le tout.
Vision : voilà ce qui peut définir, peut-être, un artiste aussi riche et complet que Lode Keustermans. Ses oeuvres de dimensions réduites et ses grandes fresques participent non seulement d'un même esprit mais d'une constante et vaste geste intérieure.
Luc Norin,1997